Valaisanne d’origine, elle est née et a grandi dans le canton de Vaud mais réside à nouveau en Valais. 

Comment définir Fanny, sur sa carte de visite il est écrit ‘timeless nature photographer’ et c’est vraiment comme ça qu’on peut la ressentir en faisant sa connaissance.

Pour elle la photographie est une évasion, non seulement pour se trouver dans la nature mais aussi afin de laisser, pendant ses balades photographiques, nos vies modernes, rapides et artificielles derrière elle durant un moment.

© Fanny Zambaz
© Fanny Zambaz

Une errance sans but réel autre que de passer un moment dehors, ça se transforme souvent en des journées incroyables et pleines d’émotions. Le fait de ne pas avoir de but, tu n’as pas d’attente et si tu n’as pas d’attente tu es complètement là, pour la photo de nature c’est le must, c’est cadeau nous dit-elle.

Fanny, quand et comment as-tu commencé la photo ?

A 17 ans, dans le grenier chez mes parents, je tombe sur du matériel photo de laboratoire qui appartenait à mon papa et démarre assez facilement grâce aux bouquins qu’il y avait avec.

Je squattais régulièrement la salle de bain, masquant les fenêtres avec des bouts de carton et cela m’a bien plu.

A cette époque je quitte les études gymnasiales et, ne sachant pas trop bien que faire ensuite, c’est un peu par hasard que je m’engage dans un apprentissage de photographe de laboratoire à Genève car j’aime tout ce qui tourne autour de l’image.

Comment a démarré ta carrière ?

En travaillant à Genève j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de photographes et c’est vers la fin de mes études qu’un de ceux-ci me propose de devenir son assistante pour un projet à Paris où il doit photographier 1000 bâtiments, photographies réalisées à la chambre, j’y resterai 5 mois jusqu’à la fin du projet.

Et puis à la suite de cela, lui il est reparti à Genève et moi sur un coup de tête je suis allée à Londres, c’était facile tu sautes dans un train et tu te retrouves à Londres.

Je me suis trouvée là-bas avec un peu de sous en poche et sans vraiment trop savoir ce que j’allais y faire. Je n’avais rien, pas d’équipement photo et c’est en travaillant que je me suis petit à petit équipée en matériel moyen format, un Mamiya 6×7.

J’ai vécu de petits boulots dans les bars et comme photographe ou assistante de photographes. J’ai pu ainsi me familiariser avec la prise de vues en studio, la photo people, la mode etc…

Au bout de 5 ans j’en ai eu vraiment raz le bol de tous ces artifices, du travail de studio et de vivre en ville. Je suis revenue en Suisse et je n’ai plus retouché un appareil photo, j’ai eu un ‘trop plein’ je crois.

Qu’as-tu fait ensuite ?

J’ai repris une formation d’accompagnatrice en montage pour faire autre chose, j’ai eu des enfants et j’ai fait des boulots alimentaires pour avoir un peu d’argent.

Et ensuite, il y a environ 10 ans, j’ai repris la photo petit à petit en argentique principalement.

Mais en Suisse on ne trouvait presque plus de laboratoires et je suis passée au numérique mais sans grande conviction.

J’ai refait un peu d’images mais sans vraiment avoir un projet en tête.

C’est en partant au Ladakh en Himalaya avec une amie qui a une association suisse qui parraine des enfants, je lui ai dit je viens et on prend des photos pour la promotion de ton association. Et c’est là que je me suis rendu compte que pour aimer faire de l’image j’avais besoin de projets, mais des projets personnels qui ne concernent que moi. Peu importe ce qu’on fait des photos, ce n’est pas important, mais finalement d’avoir un projet plutôt artistique que cartésien ça m’a donné envie de refaire de la photo.

Et depuis tu as eu de nouveaux projets ?

Après le Nadak j’ai eu un projet sur le Vallon de Réchy qui était une espèce d’immersion naturelle où j’y ai passé pas mal de temps à faire je n’en sais rien au fait, c’était un prétexte pour aller dehors. J’avais mon appareil photo numérique et je faisais des images, ou pas, j’étais connectée avec la nature et j’avais une excuse pour sortir.

Après 2 ans environ il y a eu une exposition à Morges lors du festival de la Salamandre et je me suis dit c’est cool, un projet qui prend du temps à se réaliser est présenté et après je passe à autre chose.

Et j’ai fonctionné comme ça les 10 dernières années. C’est en 2018 que j’ai eu le premier gros projet au cyanotype sur le Groenland. Entre le moment ou j’ai su que je partais en 2017 et le départ, j’ai pu faire beaucoup d’essais à la chambre et en cyanotype. Et c’est en partant en 2018 que je savais que je ferais des prises de vue à la chambre et des tirages au cyanotype.

Du coup de2018 à 2020 je n’ai bossé que là-dessus et cela a fait boule de neige. Maintenant je ne bosse plus que comme ça et cela fonctionne assez bien, sur des projets qui sont financés ou par moi ou de l’extérieur et ça permet de me tirer en avant.

Le cyanotype, qu’est ce qui t’a attiré vers ce procédé ?

C’est lors du festival de la Salamandre à Morges que je rencontre le photographe David Tatin qui présentait des sténopés et qui a une connaissance incroyable de ces procédés anciens.

Je lui parle de mes images que j’ai aimé capter mais après on charge l’image sur son ordinateur et ensuite c’est quelqu’un d’autre qui fait l’impression. Une image ce n’est pas seulement une prise de vue, il y a tout un procédé qui m’a été enlevé car tout est devenu numérique et c’est inintéressant au possible.

Il me dit alors que je pouvais essayer de le faire toi-même, que ce n’est pas si difficile et il y a le cyanotype. C’est ainsi que, grâce à lui, j’ai commencé à expérimenter ce procédé qui m’a plu et que je continue à explorer car c’est autre chose et je peux choisir le papier qui me plaît sans passer par ce qui est proposé en argentique sur le marché.

Tu me tends la perche sur l’argentique, qu’est-ce qui t’a amenée à te balader dans les montagnes avec une chambre 20×25 ?

C’est pour le projet sur le Groenland que j’ai voulu prendre une chambre 4×5’’ mais après je me suis dit que ce serait trop petit pour des tirages au cyanotype et pour cela je me suis rabattue sur une 8×10’’ (20x25cm) qui tenait dans mon sac à dos et n’était pas trop lourde. En plus elle est toute en bois et super jolie, je ne m’en séparerai jamais.

As-tu des projets à venir ?

A fond !

Ce qui est cool c’est que cette année 2022 j’ai obtenu une bourse du canton du Valais pour de la recherche artistique sur l’ultra-violet et l’infra-rouge « photographier l’invisible ».

J’en ferais peut-être quelque chose d’artistique, expérimental, on verra mais ce n’est pas encore bien défini.

Un autre projet dont les prises de vue sont déjà faites, tout du travail à la chambre, sur la zône protégée de Finges. Travail qui sera présenté en octobre, novembre à la galerie du Château de Venthône.

J’ai aussi un projet de photos de montagne, à la chambre et au cyanotype, mais aussi en numérique dans une continuité du visuel que j’ai eu au Groenland.

Mais ça va prendre un peu de temps.

Merci Fanny d’avoir partagé ton témoignage avec nos lecteurs d’Azimut-photo et on te souhaite encore beaucoup de temps pour tes projets et balades photographiques.

Que du bonheur !

Trouvez toutes les informations :

fannyzambaz.ch

Prise de vue à la chambre 20×25 en Arctique 

Création d’un cyanotype géant

Médias :

2021    RTS, émission « Couleurs Locales »

2018    Canal 9: la Valaisanne Fanny Zambaz se prépare à partir en résidence artistique au Groenland.