Photographe et reporter né en 1987 à Genève, vit et travaille aujourd’hui à Kyiv en Ukraine et à Genève.

Titulaire d’un Bachelor et suivi d’un Master en sciences politiques il devient photographe freelance en 2005 avant d’intégrer l’agence Rezo.ch en 2007.

Photo reporter et co-fondateur de l’agence Lundi 13 depuis 2015.

© Niels Ackermann
© Niels Ackermann

Publié dans de multiples éditoriaux il récolte plusieurs prix prestigieux comme le Swiss Press Photo (photographe de l’année) et le Swiss Photo Awards (meilleur reportage) en 2016 avec L’ange Blanc, publié en avril 2016 aux éditions Noir Sur Blanc. Ce reportage de trois ans offre un regard à contrepied sur la catastrophe de Tchernobyl en racontant les amours et le passage à l’âge adulte de Yulia et ses amis dans la ville voisine de Slavutych. 
 

Son reportage sur la décommunisation en Ukraine: Looking for Lenin ainsi que le livre éponyme publié en anglais par Fuel Publishing à Londres et en français par Noir Sur Blanc à Lausanne remporte aussi un prix au PDN Awards, catégorie reportages en 2017.

En Suisse, il poursuit différents projets à long terme donc Genève, sa Gueule, un projet élaboré avec le service Agenda21 de la Ville de Genève qui vise à poser un regard amusant, positif et constructif sur la diversité au sein de la ville.

Ses images dévoilent, parfois de manière insolite, le rêve et les illusions d’un passé perdu comme d’un avenir en pleine mutation. Elles nous touchent par leur proximité intime et un regard symbolique sur la réalité.

Afin de vous présenter Niels, je me permet quelques questions :

  • Niels,qu’est-ce qui vous a amené à la photographie ?

Avant d’être un photographe, je suis un geek. Depuis que j’ai 7 ans je bricole (sur) des ordinateurs. J’avais commencé à faire des sites internet vers 12 ans et à m’intéresser au graphisme et au design industriel. Pour mes boulots graphiques, j’avais besoin de matériel photographique et j’ai décidé de partir directement sur du numérique (ça nous situait autour de l’an 2000). Mon premier appareil, un Nikon coolpix 990 m’avait coûté une fortune (2 ans d’économies et de petits boulots) et n’importe quel smartphone à 50.- fait mieux aujoutd’hui. Mais c’est avec lui que j’ai découvert la photo, d’abord pour le graphisme, puis en couvrant des manifestations à Genève. La politique commençait à m’intéresser et j’ai voulu la photographier.

J’ai fait ça très activement entre 2004 et 2007, moment où j’ai rejoint l’agence Rezo.ch (que j’ai quitté en 2015 pour co-fonder, avec 4 collègues l’agence Lundi13)

  • Et quels sont les photographes qui vous inspirent ?

Question toujours difficile parce que ça dépend vraiment de ce que je cherche.

J’aime l’atmosphère des reportages de Guillaume Herbaut, le langage cru de Boris Mykhailov, l’humour très slave d’Alexandr Chekmenev, les portraits incroyables de Nadav Kander, le reportage sur la révolution du Maidan de Serhyi Lebedinsky, les photos de politique américaine de Christopher Morris, la créativité de Jean-Baptiste Mondino

Et plein d’autres…

  • Noir/blanc ou couleur pour vous qu’est-ce qui fait la différence ?

La couleur. 😀 Plus sérieusement, j’ai tendance à préférer la couleur. C’est une information en plus, une information qui permet souvent de raconter beaucoup: j’aime les ambiances nocturnes, les lumières chaudes qui émanent des vieilles ampoules qu’on trouve encore dans quelques vieilles baraques en Ukraine, j’aime la manière que la couleur à de nous aider à séparer les plans. 

  • Qu’est-ce qui vous a ammené à Kyiv en Ukraine ?

La première fois, c’était une question de fric. Avec mon camarade de voyages Romain Mader, on voulait aller à l’est. On pensait d’abord à la Russie, mais on n’avait pas envie de payer un visa et les hotels à moscou étaient un peu cher. Donc on s’est dit « pourquoi pas l’Ukraine? » c’était sensiblement moins cher et il n’y a pas besoin de visa. On est partis trois semaines et on a adoré! Des gens très ouverts et un tas d’histoires à raconter.

J’y suis revenu très souvent depuis. Pour couvrir les élections présidentielles en 2009-10, puis pour mon projet l’Ange Blanc sur la jeunesse de Slavutych entre 2012 et 2016… Depuis février 2015, je vis entre Kyiv et Genève.

  • Quelle parties du monde aimeriez-vous encore photographier et pourquoi ?

Les Corées du Nord et du Sud, un rêve d’ado, j’aimerais voir un peu plus de la Russie, la Biélorussie aussi, et d’autres républiques comme le Kazakhstan.

Et j’aimerais bien retourner une fois au Cameroun. J’ai passé 9 mois à Douala en 2010 pour le service civil, et il me semble que la ville a bien changé depuis. J’aimerais y voir ce que la 4g et les smartphones chinois y ont apporté. Mon côté geek qui revient, mais j’ai l’impression qu’il y a encore énormément de choses à faire dans le web dans cette partie de l’Afrique.

  • Plutôt zoom ou objectif fixe ?

35mm. C’est pas rare que je ne prenne que cette focale pour mes reportages. Si j’ai mon 35, je n’ai besoin de rien d’autre. Looking for Lenin est fait entièrement au 35mm (sauf peut-être 2 photos) et l’Ange Blanc je dirais 95% des 23’000 photos du projet sont au 35mm.

Les zoom, je les garde pour les commandes où j’ai souvent une obligation de résultat et un cahier des charges différents.

  • Un conseil à donner pour le débutant en photo reportage ?

Trois conseils:

1) Ne pas faire de reportage pour les autres. Les sujets à la mode, vous vous en foutez, ce qui est dans les journaux en ce moment, quand vous aurez fini votre reportage, vous arriverez de toute façon trop tard. Donc faites quelque chose pour vous en premier (et peut-être unique) lieu: répondez à vos propres questions. Si ça vous intéresse, ça intéressera peut-être d’autres gens. Peut-être pas, mais vous aurez satisfait au moins une personne. L’avantage c’est qu’en procédant ainsi, vous n’avez rien à perdre. Corollaire de cela: il ne faut pas dépendre financièrement de son reportage. Gagnez votre vie autrement. Que ce soit par la photo ou autre, mais gardez votre reportage pour vous. Si il ne marche pas, vous n’êtes pas en faillite, et vu que vous le payez vous même, personne n’a à vous dire quoi faire et comment le faire.

2) Pensez au timing. Comme dit avant, si vous voyez un thème qui marche maintenant c’est qu’il est trop tard pour vous y engouffrer. Les médias, festivals etc agissent beaucoup par mimétisme. Le 26 avril de chaque année, tout le monde publie un truc sur Tchernobyl, avec un dossier plus gros tous les 5 ans. Pareil pour le 11 septembre, les commémorations des guerres, indépendances de pays etc. Quand votre travail est prêt, pensez à quel gros événement vous pouvez le connecter et sortez votre boulot un peu avant cet événement. Si vous avez un angle un peu différent et que vous savez vous faire voir, vous pourrez rapidement trouver votre public. 

C’est ça qui m’a aidé à gagner beaucoup de visibilité avec l’Ange Blanc (sorti en 2016, pour les 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl) puis avec Looking for Lenin, sorti en 2017, l’année de commémoration du centenaire de la révolution bolchévique.

3) Toujours avoir un plan b! Les choses ne marchent quasiment jamais comme prévu. Donc pensez toujours à une solution pour les problèmes éventuels: votre sujet vous lâche, interdiction de shooter à tel endroit, impossible de se rendre ou de repartir de tel endroit pour des questions de sécurité. Anticiper les problèmes, c’est souvent préparer beaucoup mieux son travail et des fois trouver des nouveaux angles encore mieux.

Merci Niels pour vos réponses et je vous souhaite de beaux reportages qui nous apporteront un regard sur des histoires insolites.

A découvrir ci-dessous :

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